Durant tout le 22ème
siècle, les lunes de Jupiter furent le domaine exclusif du Dragon de feu, avant
que de complexes intrigues politiques ne fassent basculer les stations
joviennes sous le contrôle du Dragon aquatique, majoritairement contrôlé par
les descendants des keratsu vietnamiennes et laotiennes.
Hǎilóng est tout
autant le plus puissant domaine de l’Aoi umi que le plus exposé aux incursions
des forces du Bloc rouge. Fortement militarisé, la Troisième opposition a
drainée près d’un tiers de ses ressources afin d’assurer l’entretien d’une
ligne de défense pratiquement impénétrable, mais dont le coût se fait désormais
cruellement ressentir.
La majorité des
communautés sont regroupées sous la surface d’Hǎiyáng [Europe], dans des stations-dômes accrochées à la banquise
lunaire. De puissants réacteurs à fusion fournissent un surplus d’énergie
transféré dans un réseau d’orbitales automatisées regroupant des industries
lourdes bénéficiant à toutes les lunes joviennes. Le réchauffement de l’océan
sous-glaciaire est extrêmement bien monitoré, afin d’entretenir des populations
d’espèces adaptées qui prolifèrent et assurent une ressource abondante
disponible pour tout le Bloc bleu.
Quelques puits de
descente sont entretenus et assurent la liaison entre les cités sous-glaciaires
et la surface, où sont concentrés plusieurs spatioports, ainsi que des
complexes de recherche. Hǎiyáng est souvent considéré avec condescendance par
les autres Dragons, qui constatent un très grand nombre de pêcheurs formés dans
des académies locales, mais très peu de scientifiques en mesure d’exporter leur
savoir. La lune est souvent désignée du sobriquet de Lǐyú pén – le bassin aux carpes – et se voit souvent snobé par les
puissants seigneurs de l’Aoi umi.
Malgré sa
réputation peu flatteuse, Hǎiyáng reste le cœur administratif du Dragon bleu,
et étend son influence aux autres lunes joviennes. Des orbiteurs EM, version
améliorée des catapultes en fonction dans les mondes du Bloc rouge, offrent des
liaisons rapides entre les astres principaux et assurent également une fonction
de patrouilleurs tout autour de Jupiter, venant ainsi appuyer le maillage de
drones encore fonctionne après la fin de la Troisième opposition. Plusieurs
stations en orbite de Hǎiyáng abritent également de petites communautés et
regroupent des flottilles de caboteurs pillant les innombrables épaves et
modules errants dans l’influence de Jupiter. Ces familles ne sont pas
comptabilisées dans la population globale mais restent tolérées par l’autorité
du Hǎilóng, qui ne peut allouer de budget à la reconversion de tous les débris.
Huǒshān [Io] est une lune
peu exploitée mais disposant autour d’elle d’un nombre important de chantiers
navals entourés de ceintures défensives. C’est le cœur militaire du Hǎilóng,
regroupant deux des trois flottes veillant à la protection du secteur de
Jupiter, et donc la porte vers les autres mondes du Bloc bleu. Lors de l’exode
des keratsu de la sphère asiatique vers les mondes extérieurs de Sol, la
concession d’Huǒshān fut octroyée au Dragon cambodgien, qui avait déjà pour
tâche de développer une infrastructure militaire. Les keratsu mobilisées pour
cette entreprise échouèrent, et le Dragon fut absorbé par ses voisins plus
agressifs. Néanmoins, les plus anciennes orbitales portent toujours la marque
de fabrique du Dragon cambodgien, et sont connues pour leur robustesse et
facilité d’entretien.
Avec une force
totale de trente vaisseaux, dont quatre très gros torpilleurs, Huǒshān dispose
d’une puissance en mesure de peser sur toutes les négociations au sein de l’Aoi
umi. Sous l’autorité de l’Amiral Tran
Dũng, véritable seigneur de guerre comme il n’en existe qu’au sein du Bloc
rouge, la lune et son arsenal restent cependant tributaires des ressources du
reste de Hǎilóng, en particulier en ce qui concerne la technologie de pointe
nécessaire aux vaisseaux. Depuis la fin de la Troisième opposition, l’Amiral
s’implique dans une campagne médiatique en vue de passer pour un grand héros de
la guerre, protecteur de Jupiter et seul garant de la sécurité des communautés
du Dragon aquatique face aux impitoyables pillards du Bloc rouge. La timide
présence de l’OPMS dans le système des lunes joviennes lui déplaît fortement,
et pourrait rapidement devenir sa cible privilégiée.
Lěng
hú
[Ganymède] était jadis le cœur du pouvoir pour le Dragon de feu, et les
nombreuses infrastructures à sa surface attestent toujours du pouvoir de ce
géant maintenant cantonné aux confins du Bloc bleu. Comme pour Hǎiyáng, la plupart des communautés
lunaires vivent sous la glace, abritées dans des stations accrochées à la
banquise. Lěng hú concentre de nombreuses académies et des centres de recherche
tournés vers l’ingénierie génétique. Les fonds marins servent d’incubateurs à
de nouvelles espèces, destinées à la colonisation de l’Aoi umi, mais également
à des mondes hors du système.
La troisième
flotte du Hǎilóng est en orbite de Lěng hú, où se trouvent également de
nombreuses centrales à fusion, servant d’appoint pour différents projets
sous-marins gourmands en énergie. Cœur névralgique du Dragon aquatique, la
grande lune fut de tout temps un enjeu stratégique, aussi bien pour les forces
du Bloc rouge que pour les autres Dragons. Transformée en véritable forteresse,
elle n’accueille que des scientifiques, des ingénieurs et leurs proches.
Dans l’hypothèse
d’une invasion du système jovien par une force hostile, Lěng hú doit servir de
dernier bastion, et plusieurs grandes cités sous-glaciaires sont en sommeil,
monitorées par des IA, en attente de codes d’urgence qui pour le moment ne sont
jamais arrivé. Ces cités, au nombre de huit, peuvent aisément accueillir
l’ensemble de la population du Hǎilóng et ont une autonomie de plusieurs
années. Elles sont considérées comme un mythe par les populations des autres
mondes.
Les projets de
pacification de Sol proposés par l’OPMS trouvent ici de nombreux sympathisants,
et bien que Hǎilóng s’aligne sur la politique de non-ingérence du reste du Bloc
bleu, le Conseil d’administration de Lěng hú a entamé quelques échanges
technologiques avec des émissaires de l’organisation.
Tiāntáng [Callisto], de
par sa position éloignée par rapport aux autres lunes joviennes, fut exploitée
tardivement et son océan sous-glaciaire fut réservé à des dômes formés de
nanoblocs, en mesure d’offrir des conditions de vie très confortables. Les
puissants dirigeants du Bloc bleu aiment venir voyager jusqu’à ces stations
luxueuses, où ils et elles peuvent négocier de complexes accords dans la plus
grande quiétude.
Depuis la
Troisième opposition, la lune est interdite aux populations ouvrières et une
force de sécurité entièrement robotisée assure le maillage de la surface.
Grandement épargnée par les conflits, Tiāntáng ne possède aucune
représentativité dans la gouvernance du Hǎilóng, mais joui par contre d’une
immunité totale face aux demandes d’investigations des autres Dragons. Nul ne
sait réellement ce qui se trouve sous la croûte glacée de cette lune, et les
émissaires du Dragon aquatique ont pour ordre d’essaimer de fausses rumeurs sur
des laboratoires de pointe, en vue de détourner l’attention de ceux, réels,
sous la surface de Lěng hú.